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© Philippe Chaperon

Pompéi, lieu des rêves romantiques et symbolistes | 2016

 

Au XVIIe siècle, la découverte de Pompéi et de son destin tragique suscita l’attention des historiens et des archéologues, et enflamma l’imagination d’artistes, philosophes et écrivains. Il était fascinant de redécouvrir la vie antique pompéienne qui avait été capturée sur le vif et était restée engloutie sous le volcan durant près de seize siècles. La cité entière morte et statufiée semblait être passée sous le regard de Méduse. Ainsi, cet exceptionnel musée à ciel ouvert, avec ses vestiges et ses corps momifiés, devint l’objet des fantasmes et des rêves de nombreux écrivains. Il attira entre autres de grands auteurs célèbres tels que Chateaubriand1, Bulwer-Lytton2, Dumas3, Nerval4, ou encore Stendhal5 et devint un cadre idéal où les romantiques et les symbolistes développèrent leurs fictions littéraires. Ce lieu où seulement un pas sépare le monde moderne du monde antique, était en effet propice à la création d’univers oniriques dont ces deux courants littéraires se firent un régal. On pu ainsi voir des personnages comme Octave dans Aria Marcella6 de Théophile Gautier ou encore Norbert Hanold dans Gradiva7 de Wilhelm Jensen, voguer entre états somnambuliques et phénomènes hallucinatoires, à la clarté de la lune ou sous la lumière ardente d’un soleil zénithal8. Ces errances, en réalité quêtes amoureuses parmi les ruines, dans lesquelles la cité morte depuis plusieurs siècles s’éveille et acquiert une seconde existence, me donnèrent l’envie de ressusciter ma propre Pompéi. C’est ainsi que je créais mon œuvre P O L I P H I L E.

[1] CHATEAUBRIAND de M. le Vicomte, « Herculanum, Portici, Pompéia » in Œuvres complètes de M. le Vicomte de Chateaubriand, Paris, Pourrat Frères, 1833, T. VII. p. 375-380. Mais aussi, CHATEAUBRIAND de M. le Vicomte, « Lettre de M. Taylor à M. Ch. De Nodier sur les villes de Pompéi et d’Herculanum » in Œuvres complètes de M. de Chateaubriand, Paris, Pourrat Frères, 1833, T. VII, p. 461-462. 

[2] BULWER-LYTTON Edward George, Les derniers jours de Pompéi (préface de 1834), Omnibus, Presse de la Cité, 1992.

[3] DUMAS Alexandre, « Une visite à Pompéi » in Le Corricolo, Paris, Boulée, 1846, p. 289-294.

 

[4] NERVAL de Gérard, « Isis » in Œuvres complètes de Gérard de Nerval, Paris, Michel Levy frères, 1868. T. V, p. 175-193. 

[5] STENDHAL M. de, Rome, Naples et Florence, Paris, Delaunay, 1826. T. I-II. 

[6] GAUTIER Théophile, « Aria Marcella » in Romans et Contes de Théophile Gautier, Paris, A. Lemerre, 1897, p. 297-246.

[7] JENSEN Wilhelm, « Gradiva, fantaisie pompéienne » in Sigmund Freud, Le délire et les rêves dans la Gradiva de W. Jensen, Paris, Gallimard, 1986, p. 29-135. [1ère éd. 1907].


[8] Voir aussi la littérature décadente pompéienne avec notamment : CHAMPSAUR Félicien, Les Fautes des roses (1899), Paris, E. Fasquelle, 1927. BERTHORY Jean, Danseuse de Pompéi, Paris, Fayard, 1899. 

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