top of page

© Pierre Lan

Réflexion sur les ruines d'aujourd'hui | 2016

 

Dans son ouvrage Ruines : Représentations dans l’art de la Renaissance à nos jours1, l’historien de l’art Michel Makarius explique que depuis la Renaissance la ruine croisa l’histoire de l’art au travers de la peinture, de l’architecture, de l’art des jardins, et fut tour à tour décor à la narration, emblème iconographique ou encore symbole fantastique. Seulement, jusqu’à l’orée du XXe siècle la ruine resta sensiblement identique à elle-même, désignant les vestiges d’édifices légués par l’histoire, seul se modifiant, selon les artistes et les époques, le sens qu’on lui accordait et la manière de la présenter. Au XXe siècle a lieu un changement majeur dans la perception de la ruine : ce siècle bien plus complexe, est notamment marqué par l’accumulation des désastres et des guerres, en particulier les deux guerres mondiales. Ces évènements bouleversent notre perception de la ruine, et désormais les vestiges des bâtiments ne représentent plus le passé, mais bien la société actuelle, le présent. Ainsi, au XXe siècle, représenter la ruine est une manière de conserver les stigmates de l’histoire, mais aussi une façon de perpétuer ce que l’on pourrait appeler « le devoir de mémoire ». En outre, des évènements comme la chute du mur de Berlin, les attentats du World Trade Center2 ou encore plus récemment la destruction des ruines de l’antique cité de Palmyre3, induisent qu’aujourd’hui les débats sur la ruine ne sont plus seulement esthétiques mais prennent clairement une dimension politique.     

[1] MAKARIUS Michel, Ruines, Représentations dans l’art de la Renaissance à nos jours, Paris, Champs-arts, 2011. 

[2] Voir DOBREVA Neli, « Le 11 septembre 2001 aux Etats-Unis et sa kitschification accélérée », dans Esthétique des ruines, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015, p. 115. 

[3] Outre les écrits archéologiques, la cité antique de Palmyre fut l’objet depuis sa découverte au XVIIe  siècle de nombreux écrits littéraires ; pour ne citer que les plus célèbres : VOLNEY Constantin, « Les ruines ou méditation sur les révolutions des empires », dans Œuvres de Volney [1788-1795], Paris, Fayard, 1989. [1ère ed. 1792]. DELVILLE Capitaine, Palmyre, souvenirs de voyage et d’histoire, Paris, Plon & Cie, 1894. Et plus récemment juste après les attentats commis par Daech, VEYNE Paul, Palmyre, l’irremplaçable trésor, Paris, Albin Michel, 2015.

bottom of page